La “Rue de la Picauderie” débute à son intersection avec l’impasse des Vieux-Chênes pour atteindre la Grande Rue. Cette voie traverse le quartier dit “de la Picauderie”, nom du fief donné, au XIIème siècle, par les premiers seigneurs de Bourdeni : Simon et Michel aux religieux du prieuré de Saint-Lô de Rouen. Dans ce fief, à cette période de l’histoire, l’on n’y voyait que le moulin à farine Saint-Lô, le moulin à fouler les draps de la Picauderie et quelques bâtiments.
Lors du siège de Rouen, par Henri IV (novembre 1591- avril 1592) le moulin à fouler et autres constructions avaient été détruits. Rebâti, ce moulin, au fil du temps, change souvent de propriétaires devenant après de nombreux aménagements techniques, l’usine de filature de M. Lavoisier. Le “pré de la Picauderie”, transformé en exploitation agricole à partir de 1859, par Prosper Boulanger (industriel, maire de la commune de 1842 à 1884) avait été, à la Révolution, après la vente des biens appartenant aux religieux, une blanchisserie de toile sur pré (curanderie) tenue successivement par les citoyens Bayeul (moulinier) et Prosper Pimont (indienneur).
Avant la réalisation en 1957 du lotissement de la Prairie, à proximité de la cité Lavoisier se trouvaient, donnant sur la rue du Cantony, 6 logements en ce temps-là, propriété de la société exploitant le “four à chaux” et, sur le terrain à l’arrière de ces logements, en 1946, des baraquements demandés au ministère de la Reconstruction furent installés pour loger les sinistrés du viaduc de Darnétal (6 familles). Au milieu de la prairie, une bâtisse à deux étages, propriété de la Société Ane Cotonnière de Saint-Léger, logeait 4 familles. Cet immeuble en ruine fut détruit au moment de la création de la rue et de la construction des 34 pavillons plain-pied, avec jardin, par la SA Hlm Emmaüs créée par l’Abbé Pierre, alors député.
En 1970, dans les limites de la très ancienne propriété de la famille Pimont, située près de la rivière, s’ouvre sur le quartier l’accueillante “Chapelle de la Picauderie”. L’ancienne salle des fêtes en bois de l’école privée de la route de Lyons (fermée dans les années 1950) qui, après avoir servi d’espace de jeux pour les jeunes de la paroisse avait été transformée en “lieu de culte”, avec toute l’énergie de l’’abbé Gilbert Lemaire (curé de 1963 à 1992) et l’aide d’amis jeunes et moins jeunes. Partie intégrante de l’histoire de la rue, ce bâtiment actuellement “sans destination”, témoin d’une période vivante et solidaire, retrouvera, certainement une enrichissante et utile nouvelle activité.
Ainsi évolue l’histoire de la rue et du quartier : un patrimoine de l’industrie textile “sans retour” (la filature Lavoisier), un patrimoine cultuel “au destin interrompu” (la chapelle), un environnement “en construction” (les Rives du Parc). La cheminée heureusement conservée, reste le témoignage “très visible” du riche passé ouvrier de la cité bourdenysienne. De nos jours, les habitants de cette rue savent fleurir leur jardin et donner à ce quartier de la Picauderie le charme et le renouveau nécessaire pour “Bien Vivre à Saint-Léger”.
Le comité des sages
Sources historiques :
Notice sur Saint-Léger-du-Bourg-Denis de P. Roussignol - 1890, Les moulins du Robec et de l’Aubette de Lucien-R. Delsalle).